Vous êtes passionné·e d’abeilles et souhaitez œuvrer au quotidien pour leur développement ? Vous aimez les observer et comprendre le fonctionnement des ruches ? Vous gérez peut-être déjà une ou plusieurs ruches en amateur·rice ? Et si vous pratiquiez l’apiculture de façon professionnelle ? Rythme, formation, compétences… voilà quelques clés pour avancer dans votre réflexion.
En quoi consiste l’apiculture ?
L’apiculture consiste avant tout à produire du miel (et toutes ses déclinaisons type pains d’épice, nougats…) et en complément, gelée royale, pollens, propolis, cire (et bougies), et essaims. Le métier comprend donc une partie d’élevage et une partie de transformation alimentaire ou cosmétique. Ne pas négliger également un volet pédagogique, les visites de ruchers ou les ateliers autour de la ruche et du miel pouvant apporter un revenu complémentaire à votre activité.
Chiffres clés
- Une ruche produit entre 10 et 20 kg de miel par an ;
- Il faut au moins 200 ruches pour être considéré·e comme chef·fe d’exploitation par la MSA, ou bien justifier d’au moins 1 200 heures de travail sur l’année ;
- En 2025, 19 % des apiculteur·ices sont certifié·es bio.
Quelles tâches sur une année ?
L’apiculture est une activité très saisonnière, plus intense de mars-avril à septembre-octobre.
- A la fin de l’hiver/ au début du printemps, on prépare le matériel pour l’année et on reprend les visites hebdomadaires du rucher : on estime les pertes advenues pendant l’hiver et on vérifie que le couvain, l’ensemble des larves d’abeilles, redémarre bien après l’hiver ;
- De la mi-printemps à la fin de l’été : c’est la période de production, le gros du travail de l’année. On doit tout à la fois surveiller les miellés et faire les récoltes et la mise en pots (ou seau/ fut) rapidement, notamment au printemps où le miel cristallise très vite, mais aussi gérer les colonies, les divisions et les fécondations… Une attention particulière doit être portée à la reine lors des visites : a-t-elle assez de place pour pondre ? La colonie organise-t-elle un essaimage ?
- Une fois la saison de production achevée, les mois de septembre/octobre consistent à préparer les colonies à l’hiver, avec deux préoccupations majeures : prévenir les attaques de parasites et prévoir une quantité de réserves suffisante pour les abeilles jusqu’aux prochaines floraisons.
- En hiver, contrôlez l’extérieur de la ruche une à deux fois par mois.
Des apiculteurices aux Champs des Possibles, l’exemple de Thierry Defrance
Apiculteur basé dans le 78, Thierry est entré en test d’activité au printemps 2022 pour expérimenter la professionnalisation de son activité d’apiculture amateur. Il travaille sur un modèle sédentaire, c’est-à-dire sans transhumance des ruchers, avec des abeilles locales plus adaptées à la floraison du terroir. Elles sont logées en ruche Dadant et Warré (ruche plus petite et plus proche de leurs habitat naturel). Fin 2025, Thierry a 150 colonies réparties sur une dizaine d’emplacements, ce qui lui permet d’avoir une quinzaine de variétés de miels différents. Les Miels d’Andelu sont distribués en magasin et sur les marchés de Noël. Thierry réalise aussi des activités de sensibilisation auprès du grand public : « Ces activités donnent du sens à mon activité et apportent du lien social dans un métier qui est, finalement, très solitaire ». Il continue à se former régulièrement sur différents aspects du métier : travail du miel, élevage, organisation, transformation…
Retrouvez son portrait sur notre site.
Quels investissements prévoir ?
S’il n’est pas nécessaire d’acheter ou de louer de terres agricoles, l’activité apicole requiert quelques investissements, notamment :
- les essaims d’abeilles (compter entre 150 et 200e par essaim) et des reines fécondées (compter 15e la reine). Vous pourrez vous les procurer auprès de fournisseurs mais aussi d’un rucher voisin ou d’associations locales d’apiculture ;
- le matériel d’élevage : ruches et cadres, hausses, combinaison, gants, enfumoir (pour distraire les abeilles quand vous ouvrirez la ruche), lève-cadre… ;
- le matériel d’extraction, de mise en pot, de manutention et transport des ruches ;
- un bâtiment (comptez environ 1 m² par ruche en production) avec une zone d’extraction du miel, un espace pour la transformation, une zone de stockage pour le miel en fûts et une pour le matériel en bois.
Côté charges, prévoir chaque année de quoi assurer la conduite du cheptel (nourriture, traitements, fournitures, petit équipement d’élevage, etc.) ; la transformation (ingrédients), la commercialisation, l’amortissement du matériel, et les frais liés au bâtiment (location, entretien…).
Autre point de vigilance : même si du foncier n’est pas nécessaire, il y a un gros travail de recherche d’emplacement au départ. Il faut trouver des ruchers qui soient productifs, avec à proximité des essences différentes et aux floraisons étalées sur l’année. Pour cela il faut un minimum de connaissance en botanique, ne serait-ce que pour les essences mellifères et savoir identifier le début et la fin des floraisons. Assurez-vous également que ces emplacements ne sont pas déjà pré-emptés par un·e apiculteur·ice. Identifier les autres personnes pratiquant l’apiculture vous aidera aussi à déterminer vos circuits de vente : AMAP, marchés, magasins, grossistes…
Quel cahier des charges pour produire du miel bio ?
Les abeilles peuvent parcourir 1 à 3 km pour recueillir le pollen des fleurs et les déposer à leur ruche. C’est pourquoi, la règlementation bio impose d’avoir des sources de pollen et de nectar disponibles dans un rayon de 3 km autour du rucher, principalement issues de l’agriculture biologique ou d’une flore spontanée.
L’apiculteur·ice doit aussi justifier de pratiques respectueuses du cahier des charges bio, notamment :
- construire les ruches avec des matériaux naturels ne pouvant pas nuire à l’environnement ;
- éviter tout usage de répulsifs chimiques de synthèse lors de la récolte ;
- laisser des réserves de miel et de pollen à disposition dans les ruches pour l’hivernage. Le nourrissage est envisageable sous certaines conditions, et doit être constitué de miel, de sucre ou de sirop de sucre bio ;
- respecter la règlementation pour l’utilisation de médicaments vétérinaires.
Retrouvez toutes les informations sur la page dédiée sur le site de l’Agence bio.
Quelles formations pour devenir apiculteurice ?
Même s’il l’on peut pratiquer l’apiculture de façon amatrice, on recommande vivement de suivre une formation professionnalisante type BPREA (Brevet Professionnel de Responsable d’Entreprise Agricole) ou CS Apiculture (Certificat de Spécialisation) pour bien prendre en compte tous les aspects de cette activité agricole. N’hésitez pas également à mener une ou plusieurs saisons aux côtés d’un·e apiculteur·ice professionnel·le qui pourra vous montrer toutes les facettes du métier.
La formation hygiène alimentaire HACCP est aussi obligatoire dès lors que l’on commercialise des denrées alimentaires.
Quelles compétences et qualités physiques ?
Au-delà des formations, quelques caractéristiques sont souhaitables pour pratiquer ce métier :
- avoir une bonne condition physique, de pouvoir supporter la chaleur, porter des charges lourdes telles que les hausses,
- pouvoir réaliser des gestes répétitifs et dans des positions inconfortables,
- être dotée d’une bonne vue pour identifier les éléments des cadres, œufs, larve, couvain, pollen, miel,
- avoir un très bon sens de l’observation du comportement des abeilles, des miellés, de l’apparition de maladies,
- Pouvoir travailler au milieu des abeilles et garder son calme même quand elles sont énervées,
- Avoir un bon sens de l’organisation, surtout quand il faut tout gérer en même temps.
Cet article a été réalisé avec le soutien de l’Agence de l’Eau Seine Normandie.

Un conseil avant de se lancer ?
Pratiquer le métier avec un·e professionnel·le avant de vous lancer. L’apiculture s’apprend dans les ruchers et par la pratique. Cela permet aussi de voir la réalité du métier sur toute une saison !