Vous adorez semer, repiquer, prendre soin des plants dans leurs premiers temps de croissance sans pour autant vous sentir l’âme d’un·e maraîcher·ère ? Et si vous pratiquiez l’activité de pépinière ? Le marché est bien là en Ile-de-France, et cette activité très saisonnière peut aussi s’accompagner d’une activité complémentaire… Quel rythme ? Quelle formation ? Quelles compétences ? Quel matériel prévoir… Mélanie, chargée d’accompagnement aux Champs des Possibles sur les activités de production végétale, répond à toutes nos questions.
Quelle journée type en pépinière ?
La production de plants est une activité très saisonnière. De février à juin c’est la haute saison, avec des journées très longues, et denses. Semis, repiquage, entretien des plants, arrosage… on fait toutes ces tâches chaque jour – sans oublier la commercialisation qui bat son plein. D’où l’importance de bien identifier en amont les canaux de distribution pour ne pas avoir s’en occuper en pleine production, quand le temps manque.
De juillet à janvier c’est plus calme, surtout quand on ne s’occupe pas de plantes vivaces. C’est là que l’on prépare sa commercialisation de l’année à venir : inscriptions aux foires des plantes locales, prises de contacts avec des revendeur·ses de plants ou des maraîcher·ères… et on fait son plan de cultures en fonction.
Deux entrepreneures pépinièristes aux Champs des Possibles
Nous accompagnons 2 entrepreneures en test d’activité pépinière de plants potagers, aromates et fleurs comestibles :
- Agathe qui exerce à la Serre de Beaudreville ;
- Hélène qui entame sa première saison à la Ferme de l’Envol, avant d’intégrer un site pérenne par la suite, où elle voudrait également exercer le maraîchage.
L’activité de pépinière est-elle compatible avec une autre activité, agricole ou autre ?
C’est même recommandé : la basse saison laisse le temps de pratiquer une autre activité et cela permet d’étaler les sources de revenus sur un temps plus long au cours de l’année. Dans les exemples d’activités complémentaires envisagées par les entrepreneures en pépinière aux Champs des Possibles, on peut citer les prestations d’horticulture mais aussi la culture de champignons dont le pic d’activité est décalé par rapport à celui en pépinière ou bien l’auto-construction d’accessoires de jardins pour les particuliers.
Y a-t-il un marché en Ile-de-France ou bien est-ce saturé ?
A priori, le marché est là ! Nos entrepreneures ont déjà trouvé leurs clientèles et ont fait une super saison, alors qu’elles débutent toutes les deux leurs activités. S’il y avait un facteur limitant, ce serait plutôt le temps qu’elles peuvent y consacrer.
Quelle commercialisation privilégier ?
En priorité les foires aux plantes locales, les marchés… Préparez un bel étalage, varié et bien renseigné. Ne lésinez pas sur la présentation des plants : de belles étiquettes, une photo de la plante arrivée à maturité, des conseils d’entretien, de recettes de cuisine, des idées de plantes à associer… peuvent convaincre les indécis·es ! En revanche, la commercialisation en AMAP est possible mais peu adaptée en milieu urbain où les personnes ont moins d’espace pour cultiver elles-mêmes les plants.
Quels avantages à choisir cette activité de pépinière plutôt que du maraîchage ?
L’activité de pépinière est plus rapide à mettre en place :
- les connaissances sont plus faciles à acquérir car on se concentre sur les premiers temps de vie d’une plante, et non pas son cycle complet ;
- la surface de culture nécessaire est assez réduite – entre 60 à 100m2 de surfaces couvertes, et on peut donc plus rapidement trouver une surface disponible, pourquoi pas même dans une ferme déjà existante qui aurait un peu de terrain et du matériel à disposition ;
- pour des plants potagers, d’aromates et de fleurs comestibles, il n’est pas nécessaire de cultiver en pleine terre, tout peut se faire en pot.
Quels inconvénients ?
L’activité de pépinière demande une attention constante, et de pouvoir réagir très vite en cas de manque d’eau, ou d’attaque de ravageurs. Il faut pouvoir y être tous les jours en haute saison.
Quel matériel prévoir ?
Le matériel peut être assez restreint pour commencer :
- 70m2 en serre au minimum – il est souvent possible de louer une partie de la serre d’une ferme déjà installée ;
- Des tables de culture, assez chères sur le marché, mais que l’on peut auto-construire, pourquoi pas au sein d’une formation avec l’Atelier Paysan ;
- Du petit matériel de type arceaux, voiles de forçage, voile anti insectes, presse-motte manuelle ;
- Un système d’irrigation automatisé peut être très intéressant, car une part primordiale du travail est de bien maîtriser son arrosage.
Quelles formations pour devenir pépiniériste de plants potagers ?
Un BPREA suffit. On peut même faire sans, à condition d’avoir une solide expérience pratique, à savoir au moins une saison complète passée dans cette activité, pour en connaître toutes les étapes.
Quelles sont les clés de la réussite ?
- Anticiper la commercialisation au maximum : est-ce que je vais vendre à des particuliers ou bien des professionnels…, et déterminer la production en fonction ;
- Anticiper l’astreinte que cela représente, avoir en tête qu’en pleine saison, on ne peut pas s’absenter même quelques jours ;
- Réfléchir au modèle économique pour la basse saison : cultiver un autre type de plantes, exercer une autre activité ;
- Avoir une grande résistance à la fatigue, car l’activité est très intense pendant 4 mois. Il faut aussi faire preuve de minutie, d’attention, et avoir la fibre commerciale.
Propos recueillis auprès de Mélanie Castelle, chargée d’accompagnement aux Champs des Possibles
Le conseil de Mélanie avant de se lancer
Faire au moins un stage chez un ou une producteurice de plants et non pas un ou une maraichère dont ce serait une partie de l’activité. Cela permet vraiment de se rendre compte de l’entièreté du métier.