Vue d'un pluviomètre et d'un hôtel à insectes déposés entre deux tunnels

Quelle agriculture pour préserver la ressource en eau ? L’exemple de Bastien, paysan-boulanger

On le sait, l’eau est LA ressource essentielle pour la production alimentaire, et son accès est de plus en plus menacé : raréfaction de la ressource, imperméabilité des sols, perte de biodiversité… Par ailleurs, le recours aux intrants chimiques de l’agriculture conventionnelle nuit gravement à la qualité de l’eau. Alors, quand on est agriculteur·rice, comment contribuer à préserver l’eau, tant quantitativement que qualitativement ? Après avoir visité des fermes en Essonne avec Ophélie Damblé lors d’un reportage sur le terrain en 2023, nous poursuivons notre exploration de solutions en nous arrêtant cette fois dans la ferme de Combreux, en Seine-et-Marne, dans laquelle Bastien, paysan-boulanger, a pensé la préservation de la ressource en eau très en amont de son système. Il nous raconte. 

 

Entrepreneur salarié aux Champs des Possibles, Bastien Paix s’est installé en 2021 comme paysan-boulanger sur un système céréalier de 60 ha à Combreux, en Seine-et-Marne. La particularité de cette ferme collective -qui compte également un atelier maraîchage, de l’arboriculture et un collectif d’habitant ·es ? Elle se situe sur une zone de captage d’eau, gérée par l’Agence de l’Eau Seine-Normandie (voir plus bas), à savoir une surface sur laquelle l’eau s’infiltre et sert à alimenter le réseau d’eau potable d’un territoire donné. L’eau a d’ailleurs une histoire très ancienne sur ce site, où l’on a découvert un vestige de citerne romaine, qui atteste d’une résurgence naturelle de source. « En m’installant sur ce site, j’avais conscience d’une double responsabilité vis-à-vis de la ressource en eau : en tant qu’agriculteur bien sûr, mais aussi parce que j’allais exercer mon activité sur une zone de captage », résume Bastien. Et il nous détaille quelques leviers d’action qu’il a mis en place pour contribuer à préserver cette précieuse ressource.

 

Le choix de ne pas irriguer

Dès le début, Bastien choisit des cultures et des variétés qui pourront se passer d’irrigation. « Pour moi, cela relevait du bon sens en plus de représenter un sérieux gain économique. » Son système céréalier comporte donc des cultures peu gourmandes en eau (la luzerne, l’épeautre, le seigle…) et évitent celles qui en consomme beaucoup (le maïs par exemple). 

 

Des haies pour favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol

Bastien veille aussi à adopter des pratiques agricoles qui favorisent la bonne infiltration de l’eau dans les sols, et éviter les phénomènes de ruissellement. Il tend vers l’agriculture de conservation des sols, qui consiste à éviter les labours et le travail du sol. A la place, on privilégie l’utilisation de couverts végétaux entre les cultures, qui alimentent la vie du sol, tout en le protégeant des phénomènes d’érosion… L’eau peut donc mieux s’y infiltrer.

Bastien souhaite aussi réintroduire des haies dans son système agricole. « J’aimerais diviser le terrain de 60ha en parcelles de 5ha délimitées entre elles par des haies ». En plus de réintroduire de la biodiversité et faire office de brise-vent, ces haies contribueraient aussi à infiltrer l’eau profondément dans le sol, grâce à leur système racinaire.

Et la ferme de Combreux a finalisé début 2023 la plantation d’1km linéaire de haies en double rang, composée de 13 essences différentes d’arbres et d’arbustes, lors de chantiers participatifs mis en place par Agrof’île, association qui réintroduit les arbres dans les systèmes agricoles franciliens.

 

 

Éviter les intrants chimiques pour préserver la qualité de l’eau

Si Bastien cherche donc à préserver quantitativement la ressource en eau, il en préserve aussi la qualité par sa pratique en agriculture biologique. En évitant tout recours à des intrants chimiques qui s’infiltrent ensuite dans les sols et polluent les eaux, il contribue à garantir la qualité de l’eau, particulièrement stratégique sur cette zone de captage.

« Pour moi, pratiquer en agriculture biologique était une évidence. Ancien accompagnateur des conversions vers le bio au GAB (Groupement d’Agriculteurs Biologiques) d’Ile de France, j’adhère depuis toujours à ce système de valeurs : reproduire un système le plus autonome possible, sans intrants, dans le respect des écosystèmes en place et en préservation des ressources naturelles », précise Bastien.

L’agence de l’eau Seine-Normandie

Cet organisme soutient les agriculteurs et agricultrices bio installé·es sur les zones de captage. Sur son site, l’agence de l’eau Seine-Normandie explique que cela participe à la mission des collectivités de « fournir une eau conforme aux critères de potabilité définis par les textes réglementaires ». Celles-ci peuvent donc acquérir des terrains dans les périmètres de protection des captages d’eau potable et les louer ensuite à des agriculteurs et agricultrices qui ont des pratiques respectueuses de la qualité de l’eau et sont labellisé·es Agriculture Biologique (AB).

 

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