« C’est un peu la répétition générale, mais avec un filet. »

Boris est non issu du milieu agricole. Mu par l’envie de travailler plus proche de la nature, il se forme au maraîchage et apprend sur le tas, grâce au dispositif de test d’activité. Installé à son tour, il devient ferme d’accueil pour que sa salariée Yseult devienne elle aussi entrepreneure en test d’activité. L’essai est concluant : Boris et Yseult s’associent et créent le GAEC du Vieux Saint Augustin.

 

« On vit dans un monde de dingue… Qu’est-ce que je peux faire pour m’en tirer ? » C’est ce questionnement qui pousse Boris à monter une entreprise de coursier à vélo. Mais bientôt, il ne se satisfait plus de la vie en ville. L’idée mûrit d’être plus proche de la nature, le plus autonome possible… Au fil de ses réflexions et de ses lectures, Boris s’oriente vers l’agriculture. N’étant pas issu du milieu paysan, il se rend rapidement compte que le maraîchage en est la porte d’entrée la plus accessible. Pour des raisons familiales, et même s’il sait que ce ne sera pas évident, il choisit de rester en Ile-de-France. Pendant la formation de BPREA qu’il suit en 2012, il apprend l’existence des Champs des Possibles et du dispositif de couveuse d’activité.

En janvier 2014, il entame un test d’activité à la ferme de Toussacq où François Guesdon arrive au terme de ses trois années de couveuse. Boris devient alors « couvé en autonomie » aux côtés de deux autres entrepreneur.es en test sur l’atelier maraîchage. Jean-Louis Colas, anciennement installé sur la ferme, est son tuteur.

« Un des principaux intérêts du test d’activité, c’est de te recadrer. Pendant ma formation agricole, j’avais encore beaucoup d’idéaux. Le test m’a remis les pieds sur terre. J’ai appris à mieux considérer la réalité et mes propres limites. »

  • En immersion : en travaillant aux côtés d’un.e professionnel.le tout en développant vos propres circuits de commercialisation ;
  • En autonomie : après une première expérience pratique, vous souhaitez expérimenter votre activité de façon autonome.

Que ce soit en immersion ou en autonomie, les parcours ont lieu au sein de sites d’accueil (ferme, laboratoire de transformation…) agréés par Les Champs des Possibles après une visite de sociétaires de la coopérative.

A savoir : les entrepreneur.ses dans les métiers du tertiaire (conseil et pédagogie) ne sont pas affilié.es à un site de production agricole ou alimentaire. Leur test d’activité s’effectue donc obligatoirement en autonomie.

Les spécificités du test d’activité

Il prend rapidement conscience des avantages du dispositif de couveuse :

  • Par rapport à une installation individuelle, la part de risque est beaucoup plus limitée : les outils et le lieu de production sont mis à disposition pour éviter d’avoir à contracter des emprunts ;
  • Par rapport au salariat, le test d’activité place l’entrepreneur.e en responsabilité, pour acquérir une vue d’ensemble sur le métier, de la production jusqu’aux circuits de commercialisation.

Après une année de test, il décide de s’installer et profite d’une opportunité qui lui est offerte de le faire à Saint Augustin, en Seine et Marne, en janvier 2015.

« C’est un peu la répétition générale, mais avec un filet. Tu testes ton activité et tu peux décider de ne pas continuer à l’issue du test. Et si tu arrêtes, tu n’es pas endetté. »

Si votre projet nécessite des investissements (hors ferme d’accueil Champs des Possibles), votre capacité à les financer avec un apport personnel sera étudiée en priorité. Si cette capacité est insuffisante, d’autres possibilités de financement des investissements pourront être étudiées avec notre facilitateur financier. Néanmoins, la couveuse ayant vocation à garantir la réversibilité du test, les montants d’investissements seront limités par rapport à ceux nécessaires à une véritable installation.

Devenir ferme d’accueil

En 2017, c’est au tour de Boris d’embaucher une personne pour la saison maraichère : ce sera Yseult qui termine tout juste son BPREA et un stage chez un voisin maraîcher. Le courant passe, Boris et Yseult partagent la même vision de l’agriculture, des AMAP, la même manière de travailler et envie de bien faire. A la fin du contrat d’Yseult, Boris souhaite lui proposer de rester, mais n’a pas les moyens de l’embaucher au-delà de quelques-mois… alors, l’idée de la couveuse d’activité lui vient à l’esprit.

« J’ai expliqué à Yseult le principe du test d’activité, tout en lui disant que je ne me sentais pas moi-même très légitime à être son tuteur, après seulement trois années d’expérience… On pourrait continuer de travailler ensemble et apprendre sur le tas en exerçant le métier. Celui lui allait très bien. »

Et après le test ?

L’année 2018 se passe bien et Boris et Yseult décident de continuer pour l’année d’après. Yseult abandonne une piste foncière sur laquelle elle s’est beaucoup investie, mais qui n’avance pas ; leur vient alors l’idée de s’associer.

Ils réfléchissent aux contraintes liées à la petite surface (deux hectares et demi), et aux possibilités de dégager plus de revenus. Ils augmentent leurs parts de récolte, passant de 60 à 65 parts pour Boris, et de 30 à 50 pour Yseult. Après trois ans de couveuse en immersion, Boris et Yseult créent un GAEC en décembre 2020.

 

 

Crédits photo de couverture ®Anaïd de Dieuleveult / Hans Lucas

« Ce n’est pas vraiment que le fait de travailler à deux allégeait la charge de travail, mais cela permettait de faire évoluer la ferme et concrétiser les idées que nous avions. Le passage en ferme collective s’est fait progressivement. Nous avons été attentifs à nos positionnements respectifs tout au long du processus. Notre mode de fonctionnement est désormais réparti et équilibré. Si nous ne sommes pas toujours d’accord, notre binôme a une bonne faculté d’adaptation. Surtout, nous avons conscience de travailler avec le vivant, d’en faire partie, et d’être en perpétuelle évolution. »

Le conseil de Boris pour oser ?

Éprouver ses idéaux sur le terrain et au contact d’autres personnes est le meilleur des apprentissages.