Devant un terrain en friche, avec une forêt au fond, un intervenant présente à un groupe de jeunes élèves un tableau d'un éleveur promenant un troupeau de brebis.

Réinventer son métier grâce au test d’activité… Témoignage.

Saturnin a travaillé pendant 24 ans en tant qu’enseignant-éducateur dans une école en internat avant d’essayer une nouvelle façon d’exercer son métier, plus personnelle, hors des sentiers battus. Il est aujourd’hui entrepreneur au pôle tertiaire et mène des missions d’animation pédagogique et de formation, ancré dans son territoire du Sud Seine et Marne. Jours après jours, il teste, affine ses choix et esquisse au plus juste son activité sur mesure.

 

C’est à l’école de La Neuville que Saturnin apprend -et pratique pendant plus de vingt ans- le métier d’enseignant-éducateur. Saturnin intervient en classes mais aussi dans les activités hors cadre scolaire, lors des moments dédiés au chant, à la menuiserie, à la cuisine…

La Neuville se situant dans le Sud de la Seine et Marne, Saturnin et sa famille décident de quitter Paris pour habiter plus près de ce lieu de travail. C’est alors que Saturnin découvre l’AMAP locale de Jean-Louis Colas, encore en activité en maraîchage et grandes cultures à la Ferme de Toussacq. Il s’y inscrit, et commence à s’intéresser à ce lieu, à ce qui s’y passe : Jean-Louis est proche de la retraite, il souhaite céder sa ferme et s’est rapproché de Terre de Liens et des Champs des Possibles pour qu’elle devienne un lieu de test d’activité agricole et coopératif, modèle pionnier à l’époque…

Les prémisses d’une nouvelle activité professionnelle

Et si La Neuville s’approvisionnait en circuits courts et locaux, via la Ferme de Toussacq ? Saturnin s’attelle à ce nouveau projet, afin de rapprocher les élèves des champs alentours… C’est la première initiative d’ordre professionnel que Saturnin mène auprès de la Ferme de Toussacq, première d’une longue série qui allait constituer son nouveau métier…

En juillet 2018, Saturnin quitte finalement La Neuville, sans idée claire de ce qu’il souhaite faire. Un bilan de compétences initié un an plus tôt l’aide à formaliser ses attentes : exercer un métier composite, mêlant activité intellectuelle et physique, et qui soit implanté dans le territoire du Sud Seine et Marne. Toussacq apparaît naturellement dans son périmètre de recherche : il y effectue un stage Pole emploi en immersion pendant une semaine. En parallèle, Saturnin continue d’échanger avec des personnes des Champs des Possibles, notamment Sylvain Péchoux, gérant de la coopérative, qui lui dit être très intéressé par son expérience en pédagogie autour de la transmission et du collectif : justement, la coopérative mène des formations sur le sujet, Saturnin pourrait les animer !

Acquérir de nouvelles compétences

En parallèle du master Clinique de la formation en sciences de l’éducation à Nanterre, Saturnin consolide son activité d’entrepreneur en test aux Champs des Possibles. Au départ, il a trois cordes à son arc :

  • L’accueil pédagogique sur les fermes alentours, notamment Toussacq ;
  • L’animation de formations ;
  • Le conseil auprès de collectivités, notamment sur le sujet des tiers-lieux nourriciers.

 

Le 1er avril 2020 – en plein confinement !- il signe son contrat CAPE… Pas la meilleure période pour développer les animations pédagogiques, mais Saturnin profite de cette année pour se former et est prêt pour la rentrée de septembre, au moment où les classes sont plus que jamais en demande de visites en extérieur…

En plus de la couveuse et de la coopérative d’activités, les Champs des Possibles sont aussi un organisme de formations. 

Nos formations sont ouvertes à celles et ceux qui souhaitent gagner en expertise à tout moment de leurs parcours, de l’émergence d’un projet à la transmission d’une activité. Les formations sont ouvertes aux porteur.ses de projet, chef.fes d’exploitation, entrepreneur.ses, salarié.es…

Retrouvez ici notre catalogue de formations ouvertes à l’inscription, ou sur demande.

« Laurent, mon accompagnateur de l’époque, m’aidait à garder confiance : il sentait que le moment était bon, que l’activité allait décoller dès le confinement passé. Son analyse extérieure m’a aidé dans les moments de doute. »

Ce que la coopérative l’a aidé à acquérir pour son activité ?

  • Penser (et parler) en entrepreneur. Lui qui n’avait jamais travaillé en entreprise, cela lui coûtait d’utiliser des termes comme « client », « prestation », « tarif » … Au fur et à mesure, Saturnin apprivoise ce nouveau langage qui traduit une réalité nécessaire, mais qu’il veille à laisser à sa place ;
  • Construire une activité viable et vivable. Aux côtés de son tuteur, Didier Galet, 1er entrepreneur du pôle tertiaire de la coopérative, qui est aussi son voisin et ami, Saturnin apprend en confiance les bases en compta/gestion pour mener à bien son activité : chiffre d’affaires, objectif de rémunération, gestion de la trésorerie…
  • Développer son réseau. C’est également par Didier que Saturnin obtient sa première mission de conseil auprès d’une collectivité, la Mairie de Champeaux (77). Didier lui propose ensuite d’animer La Fabrique de territoires 77, réseau de tiers lieux en Seine et Marne ;
  • Construire une activité sur-mesure nourrie d’échanges… notamment avec Clémence, sa compagne, ancienne collègue à La Neuville, qui a également rejoint la coopérative pour un test d’activité en animation pédagogique. Vivre cette expérience à deux, échanger sur les dimensions pédagogiques mais aussi administratives et économiques, lui permet d’enrichir son propre projet entrepreneurial.

Le pôle tertiaire des Champs des Possibles rassemble une dizaine d’experts et expertes qui proposent des missions d’accompagnement et de réalisation de projets de transition écologique aux collectivités, entreprises ou collectifs.

Intégré.es au sein de la Coopérative d’Activité et d’Emploi, les entrepreneur.ses du pôle tertiaire tissent des liens étroits avec les autres pôles de la coopérative (cultures végétales, élevage, transformation alimentaire), ainsi qu’avec les partenaires privilégiés de la structure (Terre de liens, Abiosol, le réseau des Amaps, GAB Ile de France, Reneta…) et vous permettent d’accéder à un réseau unique de compétences et de savoir-faire.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre page dédiée.

Éprouver sa nouvelle activité et ses réalités

Saturnin profite de son test d’activité pour tenter des choses, quitte à se rendre parfois compte que cela ne lui plaît pas. Il diminue au fur et à mesure les missions de conseil et son lot d’appels à projets qu’il trouve chronophages et impersonnels pour se concentrer sur ce qui lui correspond mieux : l’accueil sur les fermes et les formations.

« Avec le test, j’ai pu prendre le temps d’essayer, de définir au plus précis mon activité, en évaluant grandeur nature tous ses aspects : économiques, organisationnels… »

Et cela paie. Le bouche à oreille fonctionne et Saturnin développe les activités qui lui tiennent à cœur, sur le territoire du Sud Seine et Marne. Niveau rémunération, Saturnin atteint les objectifs fixés, qui sont en dessous de ce qu’il touchait dans son emploi précédent, mais s’inscrivent dans une réflexion plus large sur le temps de travail, le salaire et la consommation. Il y trouve donc son compte : son activité permet de subvenir aux besoins de la famille tout en lui laissant plus de temps. C’est une nouvelle façon de vivre qui fait sens pour lui et sa famille.

Il est possible de se rémunérer au cours du test d’activité, dès lors que votre chiffre d’affaires a généré de la trésorerie. Si votre activité ne dispose pas des fonds nécessaires (ce qui peut être le cas en début de test d’activité), et si vous êtes demandeur.se d’emploi en cours de droit, vous pouvez continuer à bénéficier de l’allocation chômage d’aide au retour à l’emploi (ARE). Il en va de même si vous êtes bénéficiaire des minimas sociaux.

Et après le test ?

A l’approche de la fin de son test d’activité, Saturnin fait le bilan :

  • Il a du travail
  • Les personnes avec qui il travaille sont contentes de ses prestations
  • Et le plus important : ce qu’il fait a du sens pour lui

 

C’est acté, Saturnin poursuit son chemin dans cette voie et rejoint la Coopérative d’Activité et d’Emploi (CAE) des Champs des Possibles en tant qu’Entrepreneur Salarié Associé (ESA). Il devient par là même également sociétaire de la coopérative, et contribue à sa gouvernance partagée.

  • A évoluer dans une entreprise partagée.
  • A participer au projet politique des Champs des Possibles et notamment, la défense de l’agriculture paysanne et de la dépatrimonialisation de l’agriculture et de l’artisanat.
  • A contribuer à l’indépendance des Champs des Possibles vis-à-vis de ses financeurs externes.
  • A participer à la gouvernance de la coopérative.

 

C’est d’ailleurs obligatoire au bout de 3 ans de contrat (CAPE inclus).

« Au-delà de la fonction de couveuse, la Coopérative d’Activité et d’Emploi des Champs des Possibles m’a toujours intéressé. Je trouvais cela ultra-motivant d’entreprendre dans une coopérative, avec le statut d’ESA en ligne de mire. C’était la liberté inscrite dans un collectif. »

Le conseil de Saturnin pour oser ?

Parler avec des personnes qui sont dans la coopérative et conforter son envie d’être en relation avec elles, de s’inscrire dans ce collectif avec celles et ceux qui le font.