Visuels de sarcloirs et binettes, outils de désherbage, posés sur une caisse lors d'un chantier participatif dans un champ.

« Nous soutenons financièrement des tests d’activité agricoles. »

Mélanie Bourafa travaille depuis quinze ans au Réseau initiative Melun Val de Seine et Sud Seine-et-Marne. Aujourd’hui directrice de cette structure, elle a participé à soutenir de nombreux projets agricoles locaux via la création d’un outil financier dédié : le prêt d’honneur. Comment ce prêt fonctionne-t-il ? Peut-il s’adresser à des personnes en test d’activité ? Elle nous raconte comme cet outil financier apporte une aide précieuse aux porteurs et porteuses de projet.

 

 

Pouvez-vous présenter le Réseau initiative Melun Val de Seine et Sud Seine-et-Marne ?

L’association fait partie d’Initiative France , premier réseau d’accompagnement et de financement à la création d’entreprise en France. Il compte deux cents associations partout en France qui ont pour mission d’accompagner les projets de création, de reprise et de croissance d’entreprise dans tous les secteurs… y compris l’agricole depuis 2012 et la levée de barrières réglementaires européennes. Nos fonds proviennent en partie des collectivités locales des territoires sur lesquels nous sommes implantés, collectivités qui ont la compétence de développement économique. Ces fonds sont aussi abondés par la Région, la Caisse des dépôts mais aussi les entreprises du territoire.

 

Comment soutenez-vous les projets agricoles ?

En 2012, nous avons lancé en expérimentation un fonds de prêt spécifique à la filière. C’était important pour nous de soutenir le secteur agricole, qui fait l’identité du territoire du Sud Seine-et-Marne. On souhaitait aussi donner sa chance à toute personne voulant exercer ce métier, qu’elle soit issue ou non du milieu agricole. L’une de nos premières initiatives emblématiques a été le soutien de la Ferme de Sigy, ferme de production et vente de produits laitiers implantée sur le territoire. Notre aide a fait effet de levier auprès des banques qui n’avaient pas souhaité financer le projet auparavant. C’est depuis devenue une belle réussite, régulièrement récompensée par les Concours agricoles, avec la création de nombreux emplois à la clé. Forte de ces premiers succès, notre expérimentation a essaimé dans les Yvelines, en Essonne, dans le Val d’Oise… un fonds régional dédié est d’ailleurs actuellement à l’étude avec des partenaires privés.

 

Comment fonctionne ce prêt ?

C’est un prêt d’honneur qui agit comme un coup de pouce. A taux zéro, il est sans demande de garantie et directement versé au porteur ou à la porteuse de projet à titre individuel. C’est un apport direct en trésorerie, versé rapidement (compter deux mois environ entre le dépôt de la demande et le versement si le projet est accepté). Ces conditions sont très intéressantes, à l’heure où les taux d’intérêt des prêts bancaires sont élevés et les subventions s’obtiennent sur factures acquittées… Une fois le prêt reçu (jusqu’à 30 000 euros), la personne dispose de deux à cinq ans pour le rembourser -avec possibilité de différé possible, jusqu’à un an parfois en fonction des projets. En revanche, ce prêt est soumis à certaines conditions, notamment d’obtenir en parallèle un prêt à la banque que notre prêt vient simplement compléter. Nous ne pouvons pas être le principal financeur d’un projet mais en facilitons la mise en œuvre par un renfort d’apport, que les banques, elles, ne financent pas.

 

 

Comment choisissez-vous les projets que vous soutenez ?

Comme une banque, nous étudions attentivement le business plan, le prévisionnel économique… tout ce qui peut justifier la viabilité du projet. Mais nous nous assurons aussi que la personne soit accompagnée à long terme et puisse grandir en termes de gestion d’entreprise. C’est pourquoi nous sommes en lien étroit avec des structures d’accompagnement telles que les Champs des Possibles, Abiosol, les Jeunes Agriculteurs (JA) ou le Groupement d’Agriculteurs Biologiques (GAB) d’Ile-de-France. Ce sont ensuite les comités d’agréments locaux qui décident de soutenir ou non les projets présentés. Ces comités (six sur notre territoire) réunissent une fois par mois des bénévoles ou partenaires issus de tous les secteurs d’activité : agriculture (notamment Jean-Louis Colas, ancien exploitant à la ferme de Toussacq dans le comité de Provins !) mais aussi banque, comptabilité, droit, commerce… Chaque personne ayant déposé une demande de prêt présente alors son projet et répond aux questions des membres. S’instaure alors un dialogue fait d’échanges et de conseils, qui peut aussi présager de futures relations entre ces acteurs et actrices d’un même territoire…

 

Être en test d’activité représente-t-il un avantage pour bénéficier de ce soutien ?

Si ce n’est pas une condition nécessaire, cela rentre en tout cas totalement dans la philosophie de ce prêt : donner la chance à chacun et chacune de se lancer dans l’aventure agricole. Et l’apport en trésorerie qu’apporte ce prêt convient particulièrement aux périodes de lancement d’activités dans lesquelles se trouvent les personnes en test. Au sein des Champs des Possibles, nous avons ainsi pu soutenir Bastien Paix pour son activité de paysan-boulanger à la ferme de Combreux, Mélanie Castelle pour son verger également à Combreux mais aussi Abdennour Hammad pour son élevage caprin à la ferme de Toussacq. Et nous espérons continuer de soutenir les nombreuses prochaines installations dont notre territoire a besoin !

 

Ils soutiennent aussi nos entrepreneur.es :

  • La fédération des CIGALES (Club d’Investisseurs pour une Gestion Alternative et Locale de l’Épargne Solidaire) via différents outils financiers : apport avec droit de reprise, entrée au capital, apport en compte courant ;  
  • France Active, via des garanties de prêt bancaire et des prêts d’honneur ;
  • France Initiative, via des prêts d’honneur ;
  • Blue Bees ou Miimosa via des campagnes de financement participatif (crowdfunding).

 

Vous souhaitez en savoir plus ? Contactez-nous.

📸 Mélanie Bourafa est directrice du Réseau initiative Melun Val de Seine et Sud Seine-et-Marne.

 

 

Crédit photo de couverture : Abiosol.