Trio de cultivateurs de cresson au champs

Test d’activité collectif : expérimentations à la Source au cresson

Ouessale, Jérôme et Lucas ont lancé la Source au Cresson, une activité de production de cresson de fontaine en novembre 2024. La particularité de leur test d’activité ? Il est collectif ! Si la coopérative a pu accompagner des entrepreneur·es en collectif, il s’agissait de duos, et très souvent de couples. C’est donc une première, que la coopérative a voulu accompagner pour expérimenter ce nouveau format, et voir ce que cela change concrètement… pour s’adapter et mieux répondre à ces aspirations toujours plus nombreuses d’installation à plusieurs.

 

En collectif sinon rien

Ouessale, Jérôme et Lucas sont formel·les : sans ce collectif, iels ne se seraient pas lancé·es dans l’aventure. Et pour cause : le trio se connaissait déjà auparavant, pour avoir travaillé ensemble à La Source, une coopérative alimentaire qui a duré sept ans – et par laquelle iels ont connu Matthew, producteur de cresson à Cerny en Essonne, et entrepreneur salarié associé à la coopérative. Et c’est en lui rendant visite, en participant à des chantiers collectifs que l’idée fait son chemin de pratiquer à leur tour -et ensemble !- la production de cresson. Au moment de la fermeture de La Source, iels déposent un dossier de candidature aux Champs des Possibles pour ce test d’activité un peu spécial, car collectif !

 

« C’est un test porté par trois personnes très différentes, en termes de compétences, de disponibilités etc. Le format collectif donne toute sa cohérence à leur projet, qui n’aurait pas pu se faire chacun et chacune de son côté », nous confie Mélanie, chargée d’accompagnement de ce collectif. Et en effet, le trio est complémentaire. De par leurs parcours professionnels déjà, avec une carrière dans l’édition pour Jérôme, dans l’associatif et le para-agricole pour Ouessale et dans l’audiovisuel pour Lucas… (Retrouvez leurs parcours dans leur portrait sur notre site). Si les trois membres du trio sont en reconversion, ils conservent une activité professionnelle en parallèle.

« Le format collectif répond à une entrée en matière prudente, en double activité. Iels veulent se lancer progressivement, tout en ayant une perspective professionnelle agricole à terme, condition indispensable pour que nous accompagnions ce test », précise Mélanie.

L’objectif de ce test en collectif ? Donner les moyens à chacun·e de valider ou non ce qu’iel est venu·e chercher : voir si la production de cresson correspond bien à leurs attentes et envies professionnelles.  

L’organisation du collectif

« Jusqu’à présent, nos emplois du temps sont très complémentaires. Jérôme est disponible le week-end, Lucas est soit très disponible soit pas du tout, en fonction de ses missions d’intermittent. Et moi, j’ai la flexibilité pour m’adapter en fonction de lui », détaille Ouessale.

Si le collectif est jeune, leur organisation semble déjà bien rodée. Iels comptent trois jours par semaine sur site, à trois, en étant systématiquement deux chaque week-end pour la récolte le samedi et les marchés le dimanche. Les mardi et vendredi sont consacrés aux récoltes et livraisons des boutiques et AMAP.

Pour ce qui est du travail administratif, le trio se répartit par type de client : Ouessale gère les boutiques, Lucas les AMAPs et Jérôme les marchés. A l’usage, iels se rendent compte du temps que prennent ces tâches -notamment grâce à un (super) tableur excel de suivi-, et adapteront leur organisation si besoin. « Ces documents nous obligent à réfléchir à notre perception du travail, notamment le fait de lier (ou non) du temps passé avec des sommes d’argent… c’est très intéressant de discuter de ces sujets, et de voir comment chacun ·e perçoit les choses » confie Ouessale. Et d’ajouter :  « Quoiqu’il en soit, on a une règle d’or : tout le monde est en copie de tout, tout le monde doit tout savoir ».

Et ça marche ! Peut-être un peu trop bien d’ailleurs : la Source au cresson a atteint ses objectifs de l’année à la moitié de la saison et n’avait déjà plus de stock en janvier. C’est pourquoi un projet d’agrandissement de leur surface de production est actuellement à l’étude… 

Le conseil d’Ouessale

« Si c’est une sécurité de se connaître auparavant, attention à ne pas reproduire de vieux schémas relationnels, qui peuvent être enfermant. Le plus important : être en mesure de se parler. Être trois nous aide à verbaliser les choses, à dépasser des non-dits par le dialogue. »

L’accompagnement d’un test en collectif : quelles différences ?

Concrètement, chaque membre du trio a signé des contrats CAPE individuels, ainsi qu’une Convention d’activité collective qui précise ce que chacun·e apporte au collectif, la répartition du résultat, les conditions de préavis dans le cas d’un arrêt de l’activité, quelle instance appeler en cas de conflits… Cette Convention type fait d’ailleurs écho aux réflexions d’un tout nouveau groupe de travail réuni au sein du Reneta, le Réseau national des espaces-test agricoles, sur le sujet de l’accompagnement des tests en collectif. C’est une première pierre posée au lancement de l’activité, qui sera réévaluée six mois après. Le trio a également un prévisionnel économique commun.

Mélanie, leur chargée d’accompagnement, prévoit chaque année deux entretiens individuels et deux réunions collectives avec les tuteurs, à ajuster en fonction des besoins réels : « J’avais anticipé le fait que cet accompagnement me prenne plus de temps que la moyenne, mais en fait ça va ! L’organisation est fluide, on sent qu’iels avaient l’habitude de travailler ensemble et se sont choisi·es pour ce qu’iels sont ».

 

Crédits photo : Gabriel Gauffre

Le conseil de Mélanie

« Avant de s’installer à plusieurs, je recommande fortement d’avoir déjà une expérience de travail avec le collectif envisagé, que ce soit un stage en ferme, un wwoofing… ou un test d’activité ! Et toujours bien anticiper les conditions de sortie, envisager le pire pour s’en prémunir. »