Vous rêvez de travail au grand air et de produire de vos mains de bons légumes locaux et sains ? Mais savez-vous bien en quoi consiste le métier de maraîcher·ère ? Quelle semaine type ? Quelles compétences et qualités indispensables ? Quelles pistes pour s’installer en Ile-de-France ? Mélanie Castelle accompagne les personnes en test d’activité en maraîchage aux Champs des Possibles. Elle nous dresse le portrait de ce métier passionnant et nous délivre quelques conseils bien utiles.
Un maraîchage, des maraîchages…
Si tous les maraichers et maraîchères que nous accompagnons aux Champs des Possibles exercent une agriculture biologique et paysanne, il existe des variantes dans les pratiques :
- Un maraîchage mécanisé, incluant un recours au travail du sol raisonné, sur grandes surfaces (compter environ 1ha de surface par personne) – comme à la Ferme de l’Envol ;
- Un maraîchage sur sol vivant (MSV), sans travail du sol et avec beaucoup d’apport de matière organique. On privilégie au maximum le travail à la main, tout en s’autorisant le recours aux machines, notamment pour le transport de charge lourde – ça se passe comme ça aux Jardins du Gué au Prieur ;
- Un maraîchage bio-intensif sur petite surface, sur le modèle de la ferme de Jean-Martin Fortier. Les fermes sont peu mécanisées, avec un léger travail du sol (on utilise de petits motoculteurs par exemple), et l’accent est mis sur les associations de culture, la réflexion sur les écartements des planches pour optimiser au maximum les rendements sur de petites surfaces. – comme le pratiquent Anne-Fleur Tricaud et Paul Thomas à la Ferme du Pas de Côté.
Bienvenue dans une semaine-type en maraîchage
Prévoyez deux jours de vente dans la semaine, souvent en AMAP mais aussi sur les marchés. Ces jours sont donc aussi des jours dédiés à la récolte et à la livraison. Le reste de la semaine est consacré aux travaux d’entretien des cultures : travail du sol, semis, plantation, désherbage, tuteurage et aux récoltes qui ne peuvent pas attendre (coucou les courgettes…). Sans oublier une demie-journée par semaine à sacraliser pour les tâches administratives.
Les week-end, on retourne parfois à la ferme, pour des astreintes de récolte (les courgettes l’été…), d’arrosage ou pour accueillir des chantiers participatifs, notamment avec les AMAP.
Les qualités pour être heureux·se en maraîchage
- Parce qu’il y a toujours un imprévu à gérer, une personne qui souhaite s’installer en maraîchage doit être persévérante et savoir s’adapter en toutes situations, sans se décourager !
- Aléas climatiques, contraintes administratives, expertises techniques… le maraîchage est un métier très complet et varié qui conviendra aux « couteaux-suisses » débrouillards, qui aiment changer souvent de tâches dans une même journée.
- Si une résistance physique est indispensable pour tenir dans la durée, pas besoin d’avoir une force exceptionnelle : tout est une question d’ergonomie et d’outils adaptés !
- Ce qui fera la différence : savoir doser son effort pour tenir dans la durée. Même si les plantes poussent tous les jours de l’année, il faudra savoir décrocher pour vous ménager. Bonne nouvelle : de nombreuses solutions existent, notamment via le collectif pour s’organiser des moments de déconnexion.
Quels principaux débouchés privilégier en Ile-de-France ?
Ces systèmes ont l’énorme avantage de vous apporter un soutien humain et financier en payant en avance la production de l’année. Vous aurez une visibilité précieuse, pourrez concentrer toute la commercialisation sur un ou deux jours par semaine, en étant assuré·e de vendre toute votre production, et pourrez solliciter de l’aide ponctuellement en cas de coup dur pour des chantiers à la ferme.
Les contraintes : prévoir sa production pour pouvoir fournir des légumes variés, toute l’année.
- Les marchés.
Si vous aimez la relation directe avec vos clientes et le challenge de pouvoir gagner plus de revenu si vous produisez -et vendez plus (par rapport à un modèle en AMAP où votre revenu de l’année est décidé en début de saison). Le conseil pour attirer les passant·es vers votre étal : proposez des légumes primeurs et à haute valeur ajoutée (haricots verts, petits pois…).
Les contraintes : compter beaucoup de temps passé sur place et à se constituer une clientèle fidèle… Par ailleurs, on n’est jamais assuré de vendre tout le stock prévu (notamment s’il pleut…).
Les pistes foncières pour s’installer en maraîchage
En Ile-de-France, et c’est assez atypique dans le paysage français, il y a peu de terres à l’achat ; il est donc plus facile de trouver votre bonheur en location via des baux ruraux de longue durée.
A noter : les collectivités se préoccupent de plus en plus de l’agriculture de proximité et peuvent mettre à disposition du foncier communale pour installer de nouvelles personnes en maraîchage. C’est par exemple le cas de nos deux sites d’accueil, La Ferme de Paris et la Ferme de la Closeraie à Magny-Les-Hameaux.
Les diplômes pour s’installer en maraîchage…
Le diplôme que l’on rencontre le plus souvent dans les parcours d’installation en maraîchage est le Brevet Professionnel de Responsable d’Entreprise Agricole (BPREA), qui allie pratique et théorie et permet d’obtenir la capacité agricole. Chaque école a des spécificités (la culture du cresson à Brie Comte Robert, la pédagogie et l’agriculture urbaine à l’Ecole du Breuil…). N’hésitez pas à vous renseigner auprès des centres de formation près de chez vous mais aussi auprès de ceux qui proposent des formations à distance. On peut aussi opter pour un BTS en métiers du végétal dans des lycées agricoles, qui dispense une formation plus généraliste. L’essentiel reste de multiplier les expériences sur le terrain et d’avoir une ou deux saisons en maraîchage à son actif avant de se lancer.
… Et les formations utiles à tout moment de sa carrière
- Pour se lancer en partenariat avec une AMAP, le cycle de formation Devenir paysan du Réseau des AMAP – IDF est un incontournable ;
- Pour se sentir plus à l’aise avec les engins agricoles (et légitime lorsque l’on est une femme !) ne lésinez pas sur les formations consacrées à la maîtrise et l’entretien des machines agricoles – petit aperçu via nos tutos techniques ici, et retrouvez toutes nos formations là ;
- Dans le cas d’une installation en collectif, soignez la dimension humaine en vous formant et en vous faisant accompagner sur ces sujets ;
- Sur les techniques de production, de nombreuses formations en ligne existent pour vous perfectionner, notamment via Ver de Terre Production, la Masterclass du jardinier-maraîcher par Jean-Martin Fortier ou les formations du GAB IDF (Groupement d’Agriculteur Biologiques).
Propos recueillis auprès de Mélanie Castelle, chargée d’accompagnement aux Champs des Possibles
Le conseil de Mélanie pour devenir maraîcher et maraîchère ?
“Faire un test d’activité ! Pour voir tous les aspects du métier et acquérir de la pratique avant de s’installer, le test d’activité est une formule très intéressante pour se lancer en toute sécurité !”